Vous avez vu ce dessin ? On se croirait un siècle en arrière. Parue durant l'automne en tête de gondole dans un "journal trimestriel" de Nancy, cette prose décalée se voulait dans le vent alors qu'elle avait la fraîcheur d’un sac de bergamotes acheté en 1919 et retrouvé poisseux en 2017.
En quatre bulles désinvoltes, les deux annexions devenaient de l’histoire ancienne. Un Alsacien nous avait aussitôt signalé la provocation. En Moselle, on réagit moins vite mais peu importe… Le problème est de savoir si en 2017, un dessinateur, fut-il talentueux du poignet, peut encore se faire plaisir dans un media.
Rien à voir avec les assassinats de nos malheureux confrères de "Charlie Hebdo". Ce crime sanglant avait une dimension médiévale qui empêchait ses auteurs de plaider le moindre combat contre la permissivité qu’on accorde à la presse. Les journalistes savaient certes qu’ils prenaient des risques mais au niveau qui nous occupe, ce fut longtemps l’une des joies du métier d’oser contourner les bornes avec un sourire provocateur aux lèvres… Ceux que l’on asticotait pouvaient toujours écrire au rédacteur en chef… Le mieux de ce qui pouvait arriver, c’est qu’on n’en parle plus.
L’ennui, c’est qu’aujourd’hui, cet art du "savoir se taire" a disparu. Le politiquement correct, prenant les Fous de Dieu pour prétexte, a dorénavant des commères partout. De la bêtise la plus ordinaire, le mot de trop, le geste imbécile, loin de les oublier, elles sauront faire un plat. Et "l’effet papillon" fera le reste…
L’effet quoi ? demandez-vous… Auriez-vous oublié la métaphore fameuse de Lorenz ? Pour montrer, qu’avec le temps, la banalité la plus minuscule pouvait avoir, de fil en aiguille, la plus grosse conséquence dans l’espace, il avait écrit que le simple battement d’aile d’un lépidoptère brésilien était capable de provoquer une tornade au Texas…
L’image poétique du Prix Nobel autrichien avait une dimension planétaire. Elle nous rappelait qu’un jeu de mécanismes hasardeux s’organise sans arrêt autour de la terre même si les liens de leur causalité nous restent imprévisibles. Rien à voir, a priori, avec les vols planés d’une feuille de chou place Stanislas…
Mais si, mais si… La réflexion du savant nous amène à penser au contraire qu’en novembre 2017, un papillon lorrain à petit QI peut à lui seul raviver une tornade franchouillarde sans avoir besoin de faire cinquante fois le tour de la Meurthe et Moselle.
Or il n’a pas besoin de ça, notre Grand Est ! Ce n’est vraiment pas le moment. Ce papillon de Nancy aura eu fatalement des conséquences : un ricanement amusé à Reims, une saine colère à Sarreguemines, une grosse pulsion de plus à Colmar… et pour finir une saine exaspération mosellane.
Pour Metz, on ne saura jamais. La métropole en a tellement vu qu’elle fait semblant de penser à autre chose. Mais elle déteste qu’on la décoiffe, surtout en pleine saison des rhinopharyngites ! On ne va tout de même pas recommencer avec ces âneries de comique troupier.
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