Charles B. Stiring Wendel. "Jusqu’à ce jour, aucun écrivain ou reporter n’a su ou voulu dire ou écrire combien le malheur des Mosellans fut une catastrophe que nous les anciens n’oublieront jamais."
Marie-Rose BB. Chateau-Salins. "Il fallait que ce soit un Français de l’intérieur qui écrive ces livres. Si l’on réunissait aujourd’hui un expulsé amer, un malgré-nous passif, un resté sur place etc... ce n’est pas sûr qu’on éviterait la discorde. Il faut dire aussi qu’à 20 km d’ici, en Meurthe-et-Moselle, personne ne savait ce qui se passait chez nous."
Jacqueline B. Ay sur Moselle. "Ceux qui sont restés, mon époux en fait partie, ont subi la germanisation. L’instruction dans les villages en a souffert de 9 à 14 ans. Au retour, une sourde barrière s’est établie entre ceux qui sont restés et ceux qui sont partis. Aucune main ne nous fut tendue."
Valentin G. Moyeuvre-Grande. "J’ai appris beaucoup de choses en lisant tous ces témoignages et j’avoue que j’étais loin de me rendre compte des drames qui se jouaient tout près."
Odette F. Tressange. "Votre livre m’a permis d’approfondir le sort le plus souvent lugubre, caché et si éprouvant de nos compatriotes lorrains, pouvant enfin chacun s’exprimer."
Gérard L. Saint-Sauveur. 54. "Votre livre est parti, avec nos petits-enfants, essaimer aux quatre coins de l’hexagone. Il leur a apporté un début d’étonnement et comme vous savez, c’est le commencement de la connaissance."
Abbé Denis H. Saint Avold. "Voilà un Français de l’intérieur qui a vraiment perçu le drame de notre région! Les "malgré-nous" ont été victimes des nazis tout autant que les expulsés, déportés, transplantés ou résistants, avec en plus, chez eux, un traumatisme spirituel que vous relevez très justement. J’ai été témoin en juillet 45 du lamentable passage à tabac de l’un d’entre eux par un militaire français du centre d’accueil (!) de la Caserne de Reuilly à Paris."
M.G.A Metz. "J’ai lu et relu votre magnifique description de l’âme mosellane et des tourments venus d’ailleurs auxquels elle était confrontée. Les chauvins ont été étrillés, s’il vous ont lu. Votre analyse me fait le plus grand plaisir. Vous avez beaucoup contribué a faire évoluer les esprits."
Claude C. Woippy. "Un grand merci pour cette plongée dans l’histoire. J’ai dévoré le roman en un seul week-end, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps."
Geneviève et Pierre S. Turckheim 68. "Très longtemps, nous ne nous sommes pas sentis concernés par la tranche d’histoire mosellane. Il nous manquait trois ou quatre ans de plus pour "vivre les événements". A l’époque, nous étions à Bordeaux. Et plus tard, à l’âge où nous posions des questions, on ne parlait jamais plus de la guerre à la maison."
Jean W. Metz. "Lorrain, francophone, expulsé, j’ignorais le détail des souffrances et humiliations de nos frères mosellans, élevés dans la culture du "Platt". La lecture a été pour moi une révélation."
Jean C. Marvejols 48. "J’ai connu l’expulsion, puis le retour en Moselle, j’ai connu l’école allemande et le nazisme, la libération et ses conflits. Les témoignages que vous recueillez à l’état brut m’ont pourtant appris pas mal de choses. J’ai la plus grande estime pour votre méthode. C’est dépourvu de la prétention habituelle."
Albert B. Woippy Bellevue. "Je n’ai pas une âme sensible. Au maquis, je ne refusais pas de tuer des Boches. Il faut dire que j’ignorais que ma mère était d’origine allemande, de l’autre côté du Rhin. Mon père, de famille mosellane, parlait toujours haut et fort en allemand. Il ne parlait jamais de la France ou de l’Allemagne. Il disait ma famille, mon village, ma province."
Anne S. Erching. "Merci d’avoir rompu le silence qui nous a tant pesé sur l’âme pendant plus d’un demi-siècle. Les gens du Bitcherland savent maintenant que grâce à un Auvergnat, des lecteurs français ont compris enfin l’ampleur de notre tragédie."
Christiane N. Harzviller. "J’admire la façon dont vous avez réussi à parler des problèmes des Mosellans liés aux guerres. Ce que personne n’avait fait. Je suis en train de recueillir les souvenirs de ma mère... Fin 44, mon père Malgré-Nous est revenu en permission et a déserté. Le conseil de famille l’a caché chez sa soeur à Sarrebourg, puis dans des fermes. Ma mère ignorait sa décision... La Gestapo est venue l’interroger à deux reprises. Elle croyait mon père sur le front russe... Elle n’a pas pardonné qu’on lui ait caché que son mari était tout près, à 20 km. A 83 ans, elle en parle encore. Je crois savoir que vous êtes Mosellan de coeur. Je vous remercie d'avoir si bien évoqué notre belle ville de Metz. J'y ai passé quatre années à l'Ecole Normale Catholique de Jeunes filles (encore une particularité mosellane). A l'époque, je n'avais pas compris pourquoi il m'a fallu joindre un "certificat de réintégration" de mon père au dossier d'admission du concours."
Nicolas V. Sarreguemines. "Je trouve ce livre remarquable, non seulement pour les témoignages de mes compatriotes, auxquels j'aurais pu ajouter le mien...si j'avais su retrouver la parole plus tôt, mais particulièrement pour votre analyse si perspicace de l'histoire et de l'âme des Mosellans. Puisse ce livre être lu par de nombreux "Français de l'intérieur", mais également par nos voisins alsaciens."
Hugues M.Montigny-lès-Metz. "En 1940, j'avais onze ans. Nous étions à Novéant sur Moselle. En octobre, dans l'incertitude, mes parents ont décidé de partir vers Nantes où nous avions des amis. En abandonnant maison, mobilier, linge, vaisselle, souvenirs. Et repartir à zéro à l'âge de 40 ans. Quel courage."
Suzanne B. Metz. "Mes deux fils et ma fille viennent de m'offrir votre livre. Je vous remercie au nom de tous ces Lorrains bien Français qui ont été traités de Boches par les Français de l'intérieur."
Joseph B. Villers-les Nancy 54. "Je profite de l'occasion de notre passage commun dans l'émission "Mémoires du siècle" de France-Culture pour vous féliciter au sujet de votre dernier ouvrage dont je n'ai entendu que du bien. J'ai apprécié vos qualités d'objectivité et votre facilité pour les contacts, ainsi que votre compréhension de la situation si compliquée de la population lorraine."
S.V. Courcelles-Chaussy. "Merci d'avoir si bien commenté et expliqué les sentiments des Lorrains dans leurs situations respectives à l'époque de la guerre. Nous pensons que grâce à cette lecture, bien des souvenirs douloureux qui subsistent encore seront éclaircis et acceptés."
Huberte G. Chambrey. "Vous m'aviez dit récemment"que votre travail durerait une année. J'ai hâte de savoir que vous l'avez fini, pour que nous soyions nombreux à transmettre la vérité de ce qui s'est passé aux générations futures. Afin que nul n'oublie."
Lucie Ch. Aumetz. "Merci encore de m'avoir écoutée. Vous ne pouvez pas savoir comme il est bon de parler à quelqu'un qui vous entend."
Juliette et Daniel R. Friesen 68. "J'ai eu l'occasion de recommander ce livre à des amis de l'intérieur. Il me parait être en mesure de les aider à comprendre le syndrôme d'une partie de la Lorraine."
Jeanne S. Dieuze. "Il faut des gens come vous pour raconter notre histoire. J'avais 18 ans à l'époque. Je ne sais pas l'allemand. Mais il faut comprendre les frontaliers. Mon mari était de Sarreguemines. Plus âge que moi, il ne parlait que l'allemand. Nous, les vieux, nous sommes Lorrains dans l'âme, mais personne ne nous comprend, pas même nos petits-enfants.C'est triste."
Gabriel B. Bouzonville. "Quelle réhabilitation de la Moselle! La fiction romanesque vous permet de présenter les différents aspects du dossier, et dieu sait s'ils sont variés et complexes. Notre spécificité si longtemps décriée devient un sujet de fierté. Notre identité procède d'une alchimie dont vous disséquez les mécanismes avec beaucoup de bonheur."
Dominique G. Metz. "Faire comprendre la complexité des situation vécues par les Mosellans dans les 150 dernières années était une gageure, mais si bien décrire leurs souffrances silencieuses et leurs complexes est un exploit. Votre livre contribue à redonner fierté à toute cette population et contribue très utilement à l'histoire locale."
Hans-Werner M. "Je suis Sarrois, né en 1942. J'ai été à l'école à Sierck-les-bains et député du Bundestag pendant presque vingt ans. Comme j'ai énormément de connaissances en Moselle, je croyais savoir à peu près tout. En un mot, je vous félicite. J'espère qu'un tel roman sera aussi écrit un jour du côté sarrois."
Anne P-G. Belmont 42. "Je viens de découvrir votre livre extraordinaire. Ces émouvants témoignages m'ont beaucoup touchée. J'ai quarante deux ans et je ne vis plus près de Metz. Mais avec des grands-parents expulsés à Carcassonne pour avoir chanté "La Marseillaise" et d'autres "nazifiés" sur place avec toutes les difficultés que cela comportait, j'ai bien sûr retrouvé mes racines dans cet ouvrage extrêmement dense, troublant et riche en informations. Merci de l'avoir mené à son terme."
Bernard P. Bruxelles. "Je lis, je dévore votre livre avec une émotion que je suis incapable d'exprimer. Un élement bouleverse le vieux Mosellan du sud que je suis, c'est le côté poignant de votre oeuvre. Je rêve qu'en écho à votre livre, tous mes compatriotes de la Moselle du sud crient à leurs voisins du Nord: "Nous sommes comme vous! Vous êtes nos frères! Nous vous aimons." Qu'un Français de l'intérieur analyse si subtilement la notion de Lorraine et surtout celle de la Lorraine mosellane, que l'histoire et les hommes politiques ont tout fait pour embrouiller, relève du miracle. Je connais bien une partie des faits que vous évoquez dans votre livre, suffisamment pour comprendre et apprécier tous ceux que j'ignorais et que j'apprends en vous lisant. Je vous sais énormément gré de m'avoir rendu sensible aux sentiments de mes compatriotes du nord du département."
Charles W. Sarreguemines. "Le soir de Noël, mon fils qui a 51 ans et ma belle-fille m'ont offert votre livre en guise de cadeau. Sachant que j'étais ancien "malgré-nous", ils savaient qu'il allait m'intéresser. J'ai entrepris la lecture le soir du Réveillon jusqu'à une heure avancée de la nuit. Votre oeuvre est écrite dans un style admirable et tres fluide. Ce que vous avez écrit est la triste vérité. C'était selon le destin de chacun. J'ai eu la chance rare d'en sortir vivant. Merci pour cet immense travail qui nous sort de l'oubli."
Pierre Schaeffer, d'Hestroff:
Bergamasque est une troupe de musiciens comédiens donnant concerts et spectacles destinés à mettre en valeur le patrimoine de la Moselle. Et notamment son riche et souvent dramatique patrimoine historique.
J’avais seulement, comme beaucoup de ceux qui sont passés par l’école de la république française, une vue extérieure de l’histoire, faite de dates et de paragraphes écrits dans un cahier d’écolier (par exemple, pour la guerre 14-18: Les causes du conflit; ses différentes phases; ses conséquences…).
La lecture de Paroles de Poilus (Jean-Pierre Guéno; Radio France; Editions Librio) a donné de l’épaisseur à mon approche de l’histoire. Celle-ci s’incarnait dans des individus qui avaient un nom, un prénom, des parents, une fiancée, une femme, des enfants. Elle était faite de chair et de sentiments, peur, angoisse, espoir, amour. La Grande Guerre de 1914-1918 fut le thème du premier spectacle de mémoire que je montai avec la troupe Bergamasque, Tranchée.
Mais de quelle mémoire s’agissait-il? J’appris à me méfier des mots "commémoration" ou "devoir de mémoire", ce dernier très à la mode, pour suivre les historiens qui préfèrent le "devoir de vérité". Mais alors, comment s’approcher de la vérité à propos de cette guerre quand la mémoire mosellane du conflit franco-allemand n’est pas superposable à la mémoire française nationale?
Le deuxième spectacle de mémoire, Drôle de Guerre, me rapprocha encore de mes racines. Tout le monde a entendu parler de la Ligne Maginot, mais qui sait vraiment ce qui s’y est passé? La préparation de ce spectacle me fit découvrir tout un pan de l’histoire de ma région.
Notre rencontre avec Jacques Gandebeuf.
Le troisième spectacle de mémoire devait être donné pour le 60ème anniversaire de l’ouverture du Fort de Queuleu, à Metz, par les nazis (1943). Cet ancien bastion servit de prison et de centre d’interrogatoire pour les résistants mosellans durant la dernière guerre. Je commençai donc mes recherches sur l’histoire de la Moselle. A la médiathèque, le hasard me fit choisir Le silence rompu, de Jacques Gandebeuf aux Editions Serpenoise. Une chance, car, à cette époque, le livre n’avait pas encore été réédité. On ne le trouvait plus en librairie.
Ce fut un choc pour moi et le début d’une quête passionnante. Il y a beaucoup de livres de témoignages écrits sur l’histoire de la dernière guerre en Moselle. S’ils ont l’avantage de donner du corps à cette histoire, ils n'en témoignent que d’une partie On peut lire au dos de l'un de ses livres":
"Sur les souffrances qu’a générées la peste nazie entre 1940 et 1945, des Mosellans avaient certes écrit des pages pathétiques. Mais chacun regardait le malheur à sa fenêtre. On avait ainsi des récits fragmentés: l’expulsé ignorait l’incorporé, l’annexé oubliait le déporté, le transplanté méconnaissait l’interné" (La parole retrouvée aux Editions Serpenoise).
Jacques Gandebeuf a donné la parole à toutes les "catégories" de Mosellans: les expulsés, les exilés, les transplantés, les résistants, les incorporés de force. Son approche me permit de réconcilier mémoire des individus et vérité historique. Car si un témoignage isolé ne permet pas d’approcher cette vérité, la juxtaposition des témoignages de Mosellans, souvent contradictoires, la somme de ces mémoires permet de le faire, la vérité naissant de la contradiction.
Il y a pour moi un "avant-Gandebeuf" et un "après-Gandebeuf". Je suis entré français dans cette lecture, j’en suis sorti mosellan. Parlant du département, il écrit "Ce n’est pas sa faute si deux nationalismes bornés se sont rencontrés sur sa vieille terre de métissage où, dans chaque famille, les grands-mères ne parlaient pas toujours la même langue." Français (puisque né en Moselle après 1945) et Européen (comme le montre sa chanson Ah! Mes aïeux) j'en suis ressorti aussi plus "intelligent", parce que plus tolérant.
Encore un mot de son style dont je me délecte. Tel un peintre dont on reconnaît le coup de pinceau, les couleurs, le rythme, on sait,en lisant ses livres, qu’il en est l’auteur avant de voir sa signature.
Anecdote: la première fois que nous nous sommes rencontrés, j’avais rendez-vous à son domicile à 14 heures. Je le revois encore sur le pas de sa porte, alors que je sortais de l’ascenseur - il devait être 14 heures 02... Il regarde sa montre avec un sourire de connaisseur et me dit: "A l’heure, bien entendu, comme un vrai Mosellan" J’ai compris que dans sa bouche, c’était de l' humour mais plein d'admiration.. Je m’en suis senti fier et pour cela aussi, je tiens à lui dire merci.